Construction de façades / interview

Le BIM dans la planification de l’exécution

Texte : Rédaction / Photos : idpartners GmbH

 

Entretien avec le planificateur spécialisé Rolf Meyer d’idpartners

Le BIM (Building Information Modeling) est de plus en plus promu par les institutions publiques. La construction métallique y recourt aussi de plus en plus. Qu’en pensez-vous ?
La méthodologie BIM fait partie de l’avenir ; le recours à des modèles BIM promet une meilleure qualité de planification par des comparaisons régulières de données et une productivité accrue grâce à un accès rapide aux données des projets. La planification est aussi plus transparente.
Lors de la planification avec le BIM, il n’y a plus de plans individuels ou de listes indépendantes, car toutes les informations importantes pour cette étape sont disponibles dans un modèle.
Le processus BIM pousse les planificateurs à prendre des décisions ensemble et parfois beaucoup plus tôt qu’auparavant.
Nous considérons le modèle BIM comme une très grande valeur ajoutée pour le constructeur métallique et l’enveloppe de bâtiment en général. C’est un atout pour toutes les entreprises chargées de l’exécution, tant pour une soumission rapide que pour la planification.

En tant que planificateur spécialisé, comment l’avez-vous déjà mis en œuvre dans des enveloppes de bâtiments ?
Notre travail en construction de façades et en enveloppes de bâtiments a clairement démontré l’importance d’introduire de nouvelles procédures pour contrôler totalement un mandat dans le cadre de la gestion de projets de construction de moyenne et grande envergure. Aussi avons-nous décidé d’implémenter le BIM en 2015, en collaboration avec un important bureau d’architecture suisse. Ce fut un tournant pour idpartners qui, disons-le, résulte d’une bonne intuition commerciale.
Le défi principal réside dans le principe de base : « Concevoir d’abord, construire ensuite. » Actuellement, cela est peu concrétisé, notamment en 3D. Nous découvrons chaque jour des interfaces qui ne sont résolues que sur le chantier. La « planification en cours de construction » est courante ; elle entraîne des risques accrus, un transfert des responsabilités et des pertes de temps importantes. Les planificateurs et maîtres d’ouvrage doivent en être conscients. Sans ce principe, le modèle BIM ne peut générer la valeur ajoutée escomptée.
Pour élaborer son offre, l’entrepreneur recevra à l’avenir le modèle avec les éléments de façade et les informations techniques associées depuis la base de données. Les informations continuent d’être stockées sur la base du CFC et du CAN afin de ne pas devoir abandonner complètement les structures établies. Cela suppose toutefois que les planificateurs spécialisés établissent le modèle et l’entretiennent dès la phase du projet de construction.

  

 

C’est très prometteur. Quid de la transition vers l’exécution ? Qui poursuit le modèle ?
Clairement, le modèle BIM doit aller au-delà des métrés et d’une coordination transparente avec les planificateurs. Nous établissons le modèle spécialisé d’enveloppe de bâtiment pour que le LoiN (Level of information need) puisse être adapté à l’entrepreneur de façade concerné. Le modèle doit fournir des informations utiles à toutes les phases de la prestation, même si cela exige plus de travail du planificateur. Notre approche est toujours « orientée projet ». Ce qui est bénéfique pour le projet l’est aussi pour nous et pour tous les autres intervenants.
On peut comprendre qu’un petit fournisseur ou une entreprise d’installation ne veuille pas être impliqué dans le modèle BIM. En tant que modeleur, nous pouvons au besoin aider les petits entrepreneurs peu impliqués dans le projet et saisir leurs informations, pour, en quelque sorte, coordonner les interfaces de l’enveloppe du bâtiment.
En tant que planificateur spécialisé, nous créons et maintenons le modèle pendant toutes les phases de la construction et guidons les entrepreneurs dans la méthodologie BIM.

Quel est l’avantage de la méthode de planification BIM pour l’entrepreneur ou la PME ?
Le BIM accélère grandement les processus, car il permet de vérifier et modifier d’éventuels problèmes géométriques et conflits directement sur le modèle avant la phase de construction. Cela réduit considérablement le temps de conception et de construction d’un ouvrage. Une autre difficulté que nous avons surmontée grâce au BIM est la collaboration avec d’autres disciplines.
Disposer d’un modèle BIM pour la phase d’offre est aussi un atout pour l’entrepreneur. Les dimensions, données géométriques et spécifications sont toutes disponibles, liées à l’élément et donc très facilement vérifiables visuellement.

 

Disposer d’un modèle BIM pour la phase d’offre est aussi un atout pour l’entrepreneur. Les dimensions, données géométriques et spécifications sont toutes disponibles, liées à l’élément et donc très facilement vérifiables visuellement.  

La planification de l’exécution est beaucoup plus simple, car la structure de base est déjà présente et se complète facilement. Traditionnellement, l’entrepreneur peut continuer sa planification en 2D. Nous relions les plans détaillés et les documentations dans le modèle et dans l’application de visualisation.
Ces données peuvent alors servir à l’assurance qualité sur le chantier ou dans la fabrication. Le chantier numérique est déjà d’actualité, les plans sont visibles sur le moniteur dans le chariot d’atelier ou sur l’iPad et sont toujours à jour.

 

 

Quel est selon vous le futur proche des enveloppes de bâtiment avec le BIM ?
Laissons de côté le thème de la réalité augmentée (AR), même s’il est fascinant ; les avantages vraiment intéressants concernent certainement la planification en 4D/5D. Quelques grands constructeurs de façades y sont déjà actifs avec leurs propres systèmes. Mais les petites PME peuvent aussi créer un système simplifié. La planification de la production, de l’installation, le suivi et le contrôle de la qualité et de l’avancée des travaux peuvent se faire en temps réel. Ces informations peuvent s’échanger via de simples tableaux et visualisées dans le modèle BIM.
À l’avenir, l’ET/EG demandera que chaque métier ou métier partiel recoure au BIM et le généraliste ne pourra pas se soustraire à trouver lui-même une solution, par exemple en confiant l’entretien du modèle à un planificateur spécialisé et en la facturant aux métiers partiels. Cela est avantageux pour le sous-traitant, depuis la remise de l’offre jusqu’aux calculs rétrospectifs.
D’après notre expérience, le projet de construction doit s’appuyer sur le moins de modèles possible. Des modèles de planification de la structure porteuse, de technique du bâtiment et d’enveloppe du bâtiment pourraient par exemple suffire à assurer une planification globale. La vie intérieure du bâtiment, comme par exemple les murs intérieurs ou les pièces, peut également être intégrée au modèle par nous, les planificateurs spécialisés de l’enveloppe du bâtiment, vu qu’il y a souvent des points de croisement avec la façade.
L’architecte peut, mais ne doit pas, créer un modèle, même s’il serait avantageux qu’il prenne en charge la coordination BIM des principaux métiers.

Conclusion

Le modèle BIM, la planification et la coordination doivent incomber au planificateur spécialisé. Cela raccourcit grandement toute la phase de planification et permet aux entrepreneurs de mieux organiser leurs créneaux de production. À l’avenir, le BIM générera donc une valeur ajoutée pour toutes les parties concernées.
www.idpartners.ch     ■