Travaux de projet BBZ de Zurich

Des hôtels à abeilles créatifs de la main de constructeurs métalliques

Texte : Marcel Hegetschweiler / Photos : Marco Bucher (les deux Baugewerbliche Berufsschule Zürich BBZ).

Mauvais temps pour les insectes en ce moment. Selon une étude publiée en 2019 et portant sur trois sites en Allemagne, près d’un tiers des 2700 espèces d’insectes étudiées ont disparu au cours des dix dernières années. En Suisse, la situation n’est guère meilleure : selon l’Office fédéral de l’environnement, près de 60 % des 1153 espèces d’insectes actuellement évaluées dans le cadre des listes rouges sont menacées ou potentiellement menacées.
Les insectes jouent un rôle important dans l’écosystème à plusieurs égards, par exemple en tant que pollinisateurs ou dans la lutte contre certains organismes ; c’est pourquoi l’Homme se mobilise un peu partout pour créer des « hôtels à insectes ». Ceux-ci sont destinés à offrir aux petits rampants et volants un abri pour la saison froide ainsi qu’un espace pour la nidification. L’année dernière, des apprentis-constructeurs métalliques de la (BBZ) ont également participé. Dans le cadre d’un projet mené pour la deuxième fois, ils ont conçu et fabriqué des « hôtels pour abeilles sauvages » pour l’association Naturnetz Kloster Fahr.

 

À l’abri du vent et des intempéries

Personne ne sait si les abeilles profiteront de ces hôtels métalliques pour se reproduire. À cet égard, l’« aménagement intérieur » réalisé ensuite par l’association Naturnetz avec des matériaux appropriés sera particulièrement important. Les 22 futurs constructeurs/-trices métalliques CFC de la BBZ ont déjà veillé à ce que les abeilles soient protégées du vent et des intempéries dans les structures réalisées. À l’hôtel « Ironworld » de Milad Sharifi (Ernst Schweizer AG), par exemple, ils peuvent même profiter d’un petit avant-toit. Son œuvre se compose de trois nids d’abeilles noirs vissés l’un sur l’autre en tôle d’acier décapée de trois millimètres d’épaisseur. « Plus épais, l’objet aurait été plus lourd et plus mince, il n’aurait pas suffi à protéger contre la pluie », explique Milad Sharifi. Son idée : construire un objet qui ressemble à une ruche et qui peut être facilement assemblé et monté. Avec son « design sobre, économique et génial », selon les mots de l’enseignant Marco Bucher, il a atteint le maximum de points et remporté le concours avec deux autres apprentis.

 

 

Léger et compact

Avec leurs objets, Elvin de Riedmatten de Baur Metallbau AG et Jonas Keller de l’entreprise de serrurerie Preisig ont également obtenu la première place. « Je suis parvenu à fabriquer un hôtel à abeilles solitaires léger et compact, avec possibilité d’emboîter les trois alvéoles l’une dans l’autre », précise Jonas Keller. Seul hic à ses yeux : une abeille qu’il a taillée au découpeur plasma CNC est un peu plus grosse que les autres.
Les constructeurs d’hôtels à abeilles ont-ils parfois la possibilité, dans leur vie professionnelle quotidienne, de mener eux-mêmes un projet du début à la fin, en s’entraînant à « l’action responsable » exigée par le plan de formation ? « Oui, j’ai vécu cela plusieurs fois », répond Milad Sharifi. « Mon chargé d’apprentissage, par exemple, était une fois en vacances. On m’a alors demandé de démonter trois couvercles en aluminium pliés, de les transporter à l’atelier, de les redresser, les rapporter sur le chantier et les repositionner. J’ai dû tout organiser moi-même. »

 

Des moments de célébration

Le futur forgeron Julian Rio (Urs Teuscher Schmiede Kunstschmied Metallbau) était lui aussi en mesure d’exécuter lui-même au quotidien diverses tâches, de la planification au montage. Son hôtel à abeilles « Rosenbogen » n’a pas terminé parmi les objets primés, mais il a déjà été acheté par une personne intéressée. Comment évalue-t-il l’utilité et la finalité de ces projets pour sa formation ? « Ce projet devrait se dérouler en troisième année d’apprentissage, en préparation et pour célébrer l’examen pratique final », confie Julian Rio. Car avec la planification semestrielle actuelle, le projet peut coïncider avec le travail d’approfondissement dans le domaine de la formation générale, ce qui pourrait engendrer des difficultés si le projet doit être réalisé pendant le temps libre. Selon Marco Bucher, maître constructeur métallique diplômé et professeur d’école professionnelle, certains élèves ont dû travailler en partie le soir ou le samedi pour concrétiser leurs idées. Pour Julian Rio, c’est certainement un apprentissage important. Il a réussi à concrétiser toutes ses idées. « Mais par manque de temps, j’ai dû modifier un peu le design pour le terminer dans les délais », explique Julian Rio.

 

Pas de bricolage

Quelques apprentis de la classe de Stefan Kyburz, enseignant d’école professionnelle spécialisé en construction métallique, ont également participé au concours. Est-il au fond nécessaire pour les futurs constructeurs/-trices métalliques de se pencher sur le développement de leurs propres idées dans le cadre de leur formation ? « Le travail dans la production et le montage n’est certainement pas du bricolage », répond Stefan Kyburz. C’est là que le plan doit être mis en œuvre. Seulement, il arrive parfois que la planification ne soit pas complète et claire, que la situation sur le chantier diffère de ce qui était prévu ou qu’il y ait un problème. Selon Stefan Kyburz, on attend d’un/e constructeur/-trice métallique CFC qu’il ou elle soit en mesure de développer des solutions viables et techniquement correctes. « Comme partout dans la vie professionnelle : On ne va pas voir le patron avec un problème, mais avec une solution ! » Selon Marco Bucher, ces travaux en totale autonomie ont pour autre intérêt la possibilité pour les apprentis de découvrir une « interface » importante dans les entreprises de construction métallique.

 

« On ne va pas voir le patron avec un problème, mais avec une solution. »

 

 

Compréhension des « collègues là-haut »

Comme dans tous les métiers de la construction, la pression des coûts et des délais est très élevée dans la construction métallique.
« C’est pourquoi les projets doivent être gérés le plus efficacement possible pour être compétitifs sur le marché », explique Marco Bucher. C’est pourquoi les échanges au sein des entreprises de construction métallique revêtent une importance particulière. Selon Marco Bucher, les échanges entre le bureau technique et l’atelier, entre la planification et la production, sont cruciaux. À cet égard, il faut une compréhension et des connaissances mutuelles pour des échanges corrects et économiquement viables. « C’est dans ce contexte que le projet a mis en évidence le défi que représente la réalisation d’un tel travail de A à Z, en particulier au stade de la planification », explique-t-il encore.
C’est ce que confirme Stefan Kyburz. Avec le projet d’hôtels à abeilles, les apprentis ont été confrontés à de nouveaux défis. Beaucoup n’auraient jamais dessiné un projet, même la construction était difficilement envisageable, puisqu’elle relève généralement du travail du dessinateur-constructeur ou du bureau. Mais en fin de compte, l’expérience a été riche en enseignements. « Et peut-être cela contribuera-t-il à une meilleure compréhension des postes des collègues, ceux d’en haut ». ■