Construction en acier / montage

L’escalier en colimaçon en forme de goutte du « Felsenhof »

Texte : Rédaction / Photos : Ferdinand Hasler AG, Altstätten

La société Ferdinand Hasler AG, spécialisée dans la construction d’escaliers, a réalisé un escalier en colimaçon hors du commun à la Pelikanstrasse, dans le quartier d’Altstätten, en plein centre de Zurich. L’immeuble de bureaux et de commerces « Felsenhof », à deux pas de la Bahnhofstrasse, a été conçu en 1927 par l’architecte Hermann Weideli dans un style mélangeant Art déco et expressionnisme tardif. Il est maintenant en rénovation et évidé dans sa quasi-totalité. La remise de l’ouvrage aura lieu au printemps 2024.
L’escalier en colimaçon en acier, mesurant 22 m de haut et pesant 15,8 t, dessert six étages dans une étroite cage. Le transfert vertical des charges s’effectue directement par trois piliers en acier posés au sol dans le jour de l’escalier. Avec sa forme triangulaire ou en goutte, il exprime un langage esthétique particulier.

 

 

« Cet escalier n’était pas une mince affaire », déclare Reto Bischofberger, chef de projet chez Ferdinand Hasler AG, avant d’expliquer à metall : « Ce n’est pas un critère en particulier qui a fait de cet escalier en acier un véritable défi, mais différents éléments. Ici aussi, les caractéristiques architecturales de l’ouvrage ont finalement défini le concept de montage. Celui-ci devait aussi tenir compte d’un passage très étroit et d’une cage d’escalier exiguë. Il en a résulté un morcellement complexe et délicat de toute l’installation. »

 

Construction en tôle

L’escalier de six étages, doté de douze paliers intermédiaires, a été fabriqué en 26 éléments distincts à souder dans l’usine de Ferdinand Hasler AG. Le logiciel 3D HICAD a été utilisé pour la planification de l’exécution.
Deux paliers intermédiaires sont systématiquement installés entre deux étages. Ils servent à changer de direction et forment un rayon. Les volées d’escalier intermédiaires sont droites.
Les limons intérieurs et extérieurs se composent de tôle d’acier de 8 mm et sont si hauts qu’ils servent également de garde-corps. Une main courante supplémentaire en bois de chêne massif permet d’emprunter l’escalier en toute sécurité. Les marches sont faites de tôles d’acier biseautées en forme de Z (6 mm) et soudées entre les limons latéraux. Les paliers intermédiaires, également en tôle d’acier de 8 mm, forment la liaison statique entre le support tubulaire et le limon extérieur.
Trois poteaux en tube rond d’un diamètre de 127/12,5 mm se trouvent dans la cage d’escalier. Ils se composent de plusieurs éléments et ont été équipés en usine de tubes à pulsion puis préparés pour les soudures de montage. Tous les préparatifs de soudage ont été effectués en usine afin d’éviter de gros travaux de meulage sur le chantier avant le soudage. Les surfaces des limons latéraux ont été recouvertes d’une couche d’apprêt grise puis d’une couche de finition à la fin. Les marches sont dotées d’un revêtement en caoutchouc. 

 

 

 

Un montage exigeant

L’escalier en colimaçon dessert une cour intérieure relativement étroite de 4,0 x 6,0 m. Contrairement à une nouvelle construction, où les escaliers peuvent être insérés par le haut, l’accès a dû se faire par le bas via une porte de garage. C’est aussi la raison pour laquelle ce montage inhabituel peut être qualifié de très fastidieux et délicat.
La livraison verticale s’est faite à l’inverse du déroulement du montage, soit en commençant par les éléments du sixième étage. Ceux-ci ont été transportés à l’aide d’une grue mobile jusque là, où ils ont été déposés en toute sécurité. Ont suivi les éléments du cinquième étage, etc. La statique du bâtiment a constitué un défi particulier. Afin de ne pas surcharger les vieilles dalles d’étage existantes, il a fallu entreposer temporairement les lourds éléments en acier sur des profilés de rails provisoires et les déplacer jusqu’au bord de la cage pour le montage.  

 

Le montage a commencé au rez-de-chaussée. Les différents éléments de l’escalier et les piliers ont été superposés et soudés étage par étage. Cette manière de procéder a nécessité également des travaux à une hauteur vertigineuse, directement au bord de la cage et au dernier étage. Les monteurs ont exécuté ces travaux délicats en revêtant un équipement d’escalade et un harnais de sécurité. Le relevé précis des mesures et les marquages pour l’implantation au théodolite ont constitué la base idéale pour le positionnement et l’orientation de l’escalier.

Malgré sa hauteur et son poids, le nouvel escalier en colimaçon en forme de goutte ou de triangle donne l’impression de flotter dans le « Felsenhof ». ■